tuning9
[audio-radio, performance, conférence, objets, musique, broderie, dessins] [2010 - 2018]
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Tuning9 est un travail de fond, une recherche minutieuse qui propose neuf entrées, autour, aux alentours, en plein dans le mille et à la périphérie d'une pop-culture. Tuning9 questionne fondamentalement l'écriture d'un projet.
The project tuning9 is built in the attention for details, dynamics issues, aerodynamism, in the performative obsessions, in the "monstrous" aesthetics, in the re-profiling of the mass objects, in distanciation from « generic » towards « ultra specific ».Tuning9 is an artisic project which incorporates and aims at deploying otherwise all the imagination bound to the notions of customisation, mechanics, objects and representation.
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site internet du projet : http://tuning9.tumblr.com
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a W.H.A.T
a Welcoming Hypothesis About Tuning
Le tuning est l'ensemble des modifications apportées à un véhicule de série (voiture, moto, vélo, scooter…) afin d'améliorer ses performances et/ou son style. Son histoire commence aux Etats-Unis vers 1930.
« Le tuning rassemble des bricoleurs qui personnalisent leur véhicule qui doit être unique. Dans les meetings, le jury évalue les modifications mécaniques et esthétiques sur les moteurs, la carrosserie, la sono… Le tuning relève à la fois de la création culturelle populaire et esthétique, culturelle et sportive, individuelle et collective, de la passion préservée bien que fortement méprisée et réprimée. Il s’agit encore d’attirer les regards, et de se mettre en scène. Le tuning relève d’une forme, entre soumission et résistance, d’une jeunesse confrontée à la désindustrialisation des bourgs ruraux. »
Éric Darras, Un lieu de mémoire ouvrière : Le tuning. Sociologie de l’Art, 2012/3, OPus 21, p.85-87
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Tuning9 est un projet artistique qui incorpore et vise à déployer autrement l’ensemble des imaginaires liés aux notions de customisation, de mécanique, d’objets et de spectacle.
Tuning9 est une re-lecture dynamique et décontextualisée de cette culture populaire éponyme.
Sociologiquement, la culture tuning rassemble tous ceux qui opposent à la production en série une forme d’arrangement individualiste en se réappropriant l’objet « commun ». La customisation est donc une réponse du consommateur à la production standardisée.
Qu’arrive-t-il lorsqu’on customise un spectacle? Quelle mécanique est mise à jour? Qu’arrive-t-il lorsque c’est l’idée même du spectacle qui se retrouve customisée?
En cela je prends le concept de customisation et je l’applique - avec l’honnêteté du degré zéro - au processus même du travail performatif.
◆ le tuning comme moteur chorégraphique
Le car tuning (= la modification automobile) est aujourd’hui une thématique polluée par de nombreux stéréotypes et contre-vérités. Je souhaite donner de l’écho à cette pratique : l’assiduité dans le détails, les problèmes de dynamique, l’aérodynamisme, les obsessions performatives, l’esthétique « monstre », le reprofilage des objets en série, la distanciation du générique vers l’ultra spécifique… L’enjeu est de déplacer ces méthodes et ces questions du domaine de la voiture à celles du spectacle vivant / de la danse / du corps.
Ainsi Tuning9 appelle des espaces altérés par divers médiums (lumière, son, macroscopie d’un objets, gigantisme d’une projection etc..). Dans un cheminement évolutif, autour de pièces plastiques, sonores, performatives et textuelles, sont convoqués des objets/oeuvres qui se mêtent en scène et activent les modifications possibles des statuts du corps.
Du corps vivace, présent, incarné au corps « fondu », rendu équivoque. Du corps trafiqué, tuné par nos mécaniques perceptives jusqu’au corps fantôme, absenté, caché dans la profondeur d’un chant phonétique, ou devenu hypothétique par un objet plastique.
◆ Le tuning comme exercice de mise en relation
Le tuning est une façon de refuser l'offre - capitaliste et libérale - d'une autonomie basée sur la consommation d'un artefact fini. C'est redevenir acteur d'une partie d'un processus industriel qui nous échappe (tout comme une partie de la classe ouvrière disparait des usines).
Dans le projet, le tuning a une ambition de vecteur, le tuning en tant que synthèse d'une pratique à laquelle participe experts et amateurs, en réseau, dans ce qu'on appelle couramment une communauté.
Je désire travailler sur ce capital commun, ouvrier, sur son potentiel évocateur, d’imaginations, de promesses.
Je revendique une forme puzzle, non-standard et non-linéaire. Le concept de tuning et ses effets démultiplicateurs, pris comme base d’une composition scénique, pourraient donc, interroger nos habitudes de spectateurs, de consommateurs, de ‘regardeurs’. Au public ensuite de faire les liens et de s’inventer sa propre histoire (de customiser l’oeuvre, en quelque sorte).
“Le tuning semble bien relever de l’art de faire et de la ruse du consommateur. Le véhicule comme création esthétique unique repose certes sur un individualisme revendiqué mais il est toutefois lui-même généralement voulu et rendu possible par le ‘team’, ce groupe d’interconnaissance privilégié, bien que parfois informel, qui assure en milieu populaire, comme aileurs, à chacun de ses membres une certaine forme de propriété de soi.”
Eric Darras, id.
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Tuning9 est un projet multimédia et pluriforme comprenant :
1 conférence ► Auto-critique n°1 : Tuning
1 plan de coupe ► Holy motor
1 pièce radiophonique ► amour drift
1 pièce chorégraphique ► Jungle Pam
1 album de musique ► undead horse
1 série de noms propres ► a W.H.O (a Wanted Hoyden Olympia)
1 pièce textile ► Tapisserie de Benz
1 guide touristique ► Un grand week-end à Salt Lake
1 installation sonore et paysagère ► D.O.D.G.E.
…des objets à voir, à lire, à entendre, à déchiffrer. Comme une auscultation médicale. Comme pour vérifier la justesse de l’écoute, puis la qualité de la vue, modifier les distances, vérifier l’oreille interne, le sens de l’oriention, de la peau, etc. et pour, éventuellement, changer d'avis, plusieurs fois.
Tuning9 est donc un projet diversiforme. Les neuf matériaux qui le composent sont univoques et autonomes par choix. Ils sont aussi constitutifs mais par défaut. Il est pour moi important que les objets aient une qualité et une vie propre, qu’ils puissent exister pour le spectateur de façon autonome. Mais observés ensemble, ils forment une galaxie et prennent une autre dimension. Ainsi, il sera tout aussi valable de feuilleter vingt-sept cartes postales que d’assister à la pièce chorégraphique seule, puisqu’ils naissent tous d’une même dynamique.
t u n i n g p r o c e s s
Ma recherche initiale est venue de la performance. Le dessin et le son sont venus très rapidement se mêler au travail sur le mouvement. La réflexion conjointe sur les autres médiums est née de là. Je me rend compte que c’est aussi le travail sur les 8 autres supports qui nourrira la pièce chorégraphique. Même si elle me permet d’initier l’ensemble du projet, elle sera probablement le dernier objet.
ÉQUIPE & REGARDS
Bob Serran et son club de drift Sick & Claw (carrossier, spécialiste du “Stance" et du “Drift”)
Tom Pauwels (musicien)
Aina Alegre et Alix Eynaudi (danseuses et chorégraphes)
Sabrina Ratté (vidéaste et photographe)