amicales (sororio)
[récits - textiles] [2018-2021]
Techniques mixtes,
Dimensions variables
(sororio = grandir ensemble comme des soeurs)
Elles se connaissent. de longue date.
girl. friend. femme et amie.
sortes de sœurs - o dans l’e - œ
oreille dans l’espace
et ourlet dans l’emmanchure
Sororio se construit à partir de mots. Des mots d’amies.
C’est une douce traque de l’amitié, à distance respectueuse, comme pour observer cet état précieux qu’est la camaraderie.
Les discussions sont la matière première d'un travail manuel.
Je cherche, dans un second temps, à traduire et coder ces histoires en broderie, collages de cuir et dessins, à camoufler
les récits dans le papier et le textile.
Lors d’une résidence de trois semaines, la galerie Eeeeh! (Nyon, CH) s’est transformée en une sorte d’Amicale. On accrocha presque une banderole chamarrée à l’entrée Sororio Club Nyonnais, Bienvenues À Tout.e.s.
Les rencontres avec des femmes, pour parler d'autres femmes, s'y sont succédées. J'ai pu ensuite préparer ce qui est devenu les broderies, collages de cuir, dessins et montage son qui composent aujourd’hui l’installation.
Lorsque Marianne A. me parle de ses amies Marianne D. et Marianne H. qu’elle rencontre à l’école primaire, elle m’apporte un carnet d’amitié, qu’elle aime appeler son carnet de poésie. J’intègre à son objet des adaptations de messages et de dessins directement issus de ce carnet. Lors de la sortie de résidence, Marianne A. m’autorise à exposer un diaporama de photos prises de son carnet d’amitié.
Le passe-camarade, ou livre d’amitié (liber ou album amicorum en latin, Stammbuch en allemand) est un carnet personnel où l'on recueille dessins, photographies et mots d'amis. Apparus dans les universités allemandes au 16e siècle, les premiers carnets d’étudiants sont remplis par leurs professeurs et condisciples. Dès le 19e, les jeunes filles y insèrent broderies, fleurs séchées, mèches de cheveux tressés ou dessins découpés. Cette pratique perdure jusqu’au déferlement des smartphones à l’école.
Ce qui est apaisant c’est qu’on est pas obligé d’aimer.
Voilà.
C’est la liberté d’aimer.
L’amitié est libre, si on est obligé elle n’existe plus, elle meurt.
Il devrait y avoir de l’affection.. de la tendresse..
des choses qu’on ne peux pas diriger, qu’on devrait laisser couler.
Il faut accepter qu’il y a une liberté sur tout les plans, que notre vérité ne soit pas celle de l’autre et c’est toute la beauté de l’amitié.
Personne ne sait ce dont l’autre a réellement besoin.
Nous ne sommes pas responsables les uns des autres. La collectivité est totalement illusoire, même si c’est une amie. Il n’y a que Un. Deux a été inventé.
La collectivité c’est l’addition de Un + Un + Un.
On ne peut pas chercher chez une personne ce dont on a besoin.
Extrait d’un entretien, avec I.A. en novembre 2018, à l’origine des pièces Nesting #1 et #2)
ci-dessus: ouverture de résidence à la galerie Eeeeh! (2018)
Sur une invitation de Chloé Démétriadès et de la Galerie Eeeeh! La Grenette, Nyon, CH
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DÉTAIL DE L'INSTALLATION
3 Marianne
Broderie Fils de coton sur toile coton. 60 x 213 cm
Nesting #1 & #2
2 collages sur coussins. tissu, ouatine, fermeture eclair. 80 x 80 cm
Le ferry
3 éléments (collage, chutes & découpes), cuirs. 80 x 80 cm
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